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Rencontre avec Jérôme TISSERAND, Maire-Adjoint délégué aux Commerces, aux Foires et Marchés et aux Animations au sein de la Ville de Meaux
(interview réalisée le 4 mars 2016)
Jérôme Tisserand, nous invite à découvrir la ville de Meaux située à 50 kilomètres à l’Est de Paris, en Seine et Marne. Cette cité épiscopale de près de 54.000 habitants, pleine de charme, est traversée par la Marne qui forme une boucle autour du centre historique, composée de trois quartiers commerçants dont un cœur de ville piéton, articulé autour de la Cathédrale de Meaux. Tous les ingrédients sont donc réunis pour faire de Meaux, célébrée pour son brie et sa moutarde, une ville de commerces et de tourisme.
Patrick NICOLAS : Bonjour Jérôme TISSERAND. Merci de nous accueillir dans votre belle ville de Meaux qui a adhéré depuis deux ans à « Centre-Ville en Mouvement ». En tant que Maire-Adjoint, qu’attendez-vous d’une association comme la nôtre ?
Les centres-villes apparaissent comme des sanctuaires (…) porteurs d’une identité forte et partagée
Jérôme TISSERAND : Bonjour Patrick NICOLAS. Nous avons, en effet, décidé de soutenir l’action menée par votre association car, en tant qu’élu, je suis préoccupé par la préservation de nos cœurs de villes. Dans cette période troublée, les centres-villes apparaissent comme des sanctuaires indispensables pour l’animation du lien social et porteurs d’une identité forte et partagée.
PN : La richesse de votre patrimoine naturel et architectural est-elle suffisante à assurer la vitalité de votre centre-ville ?
JT : L’histoire de notre ville, son patrimoine, sa Cathédrale, sa cité épiscopale, sa 4ème fleurs et sa gastronomie sont des atouts considérables, en particulier pour ce qui concerne le tourisme. Le Député Maire de Meaux et l’ensemble des élus de la Communauté d’Agglomération du Pays de Meaux ont également souhaité la création, en 2011, d’un Musée dédié à la Grande Guerre, unique en France et concourant à rendre notre territoire encore plus attractif. Pour autant, notre commerce souffre d’une situation économique dégradée au plan national, qui a forcément des répercussions au niveau local auxquels nous devons faire face.
La vacance s’explique par une évolution profonde de l’armature commerciale
PN : Comment ces difficultés s’expriment-elles ?
JT : Notre ville, comme de nombreuses villes de 50 000 à 100 000 habitants est touchée par un taux de vacance proche de 12%, qui, malgré une diminution continue depuis un an et demi, s’explique par une évolution profonde de l’armature commerciale.
Les commerces doivent se regrouper sur les rues offrant le meilleur potentiel (…) quand les locaux moins attractifs doivent être progressivement transformés en logement
PN : Cela implique d’accepter une vacance durable sur le territoire ?
JT : Absolument pas, car les ruptures de linéaire commercial offrent une image désastreuse du centre-ville. Certaines rues commerçantes hier ne le seront plus demain. Il faut travailler à la polarisation du commerce sur les rues offrant le meilleur potentiel. Toute mutation et toute nouvelle implantation commerciale est dirigée en priorité vers les rues n°1. Parallèlement, les locaux moins attractifs doivent être progressivement transformés en logement. Il faut donc recréer un centre-ville plus limité mais véritable poumon de notre territoire. C’est un constat difficile à accepter pour les propriétaires qui ont investi dans des murs commerciaux.
PN : En quoi consiste votre action vis-à-vis de ces propriétaires ?
JT : C’est un travail quotidien de communication avec eux pour leur faire comprendre les choses. J’ai également multiplié les échanges avec les banquiers, les notaires et les agences immobilières afin de donner de la cohérence à ce discours et qu’il soit partagé à tous les niveaux.
PN : Quels sont les signaux positifs enregistrés sur votre ville ?
JT : Ils sont nombreux, à commencer par la baisse progressive de la vacance commerciale mais pas seulement. Nous avons réussi à instaurer une dynamique d’implantation commerciale en procédant à l’installation d’un charcutier traiteur dans la rue du Général Leclerc. Cette installation, souhaitée par l’ensemble des meldois, s’est faite en deux temps. Maîtrise d’un local stratégique par voie de préemption et démarches actives auprès d’un commerçant non sédentaire du marché pour l’inciter à s’installer à demeure. L’arrivée de ce commerce a envoyé un signal très positif qui a entraîné l’arrivée de nouvelles enseignes et une montée en gamme de l’offre commerciale : chocolatier, linge de maison Sylvie Thiriez, épicerie haut de gamme distribuant des produits du terroir, bar à vin, coffeshop, brasserie française et prêt à porter. Nous attendons également l’installation d’une cave à bière et d’autres projets qualitatifs.
Des commerces de cœur de ville différenciants et complémentaires à ceux que l’on trouve au sein du nouveau centre commercial
PN : A quoi attribuez-vous ce succès ?
JT : Nous avons contribué à créer un environnement favorable au développement du commerce. Malgré l’opposition et la grande crainte des commerçants, notre décision de créer un centre commercial Immochan avec 98 boutiques a été prise afin de lutter contre le phénomène d’évasion commerciale vers les pôles commerciaux périphériques, estimée jusqu’alors à 650 millions d’euros. Par ailleurs, la création de cet équipement a permis la création de près de 1000 emplois à Meaux concourant ainsi à conserver sur le territoire le pouvoir d’achat dépensé auparavant sur les lieux de travail de certaines de ces personnes (Paris ou région parisienne) et à doper l’économie locale.
PN : Cet équipement est-il susceptible d’affaiblir le centre-ville ?
JT : Nous ne le pensons pas car les commerces de cœur de ville sont différenciants et complémentaires à ceux qu’on trouve au sein du nouveau centre commercial. La proximité de cet équipement commercial doit permettre une forme de synergie avec le centre-ville mais surtout de renforcer l’attractivité du territoire. Comme je l’ai précédemment indiqué, nous n’avons jamais eu autant d’ouvertures de commerces ou de porteurs de projets en cœur de ville que depuis ces derniers mois. Par ailleurs, nous avons installé des compteurs piétons qui démontrent que la fréquentation du cœur de ville n’a pas eu l’impact redouté par les commerçants depuis l’ouverture de ce centre commercial.
Nous avons mis en place un plan Marshall pour le centre-ville, c’est à dire, intégrant toutes les dimensions de la ville
PN : Quelles sont les autres actions menées par la municipalité ?
JT : Nous avons mis en place, dès 2010, un plan Marshall pour le centre-ville, c’est à dire, intégrant toutes les dimensions de la ville : habitat, voirie, stationnement, animation, culture, etc. Nous avons œuvré pour améliorer tout ce qui peut concourir à l’attractivité du centre-ville. Cela se traduit, par exemple, par la libération de foncier pour des opérations immobilières de qualité, l’incitation à la rénovation des façades et devantures commerciales, la gratuité du stationnement pendant 30 minutes, la rénovation des rues piétonnes, la création d’animations fortes et le soutien aux équipements culturels. Nous travaillons d’ailleurs actuellement à la création d’un nouveau cinéma en cœur de ville. L’offre culturelle est essentielle pour le dynamisme du commerce de centre-ville.
PN : Comment les commerçants sont-ils associés à vos projets aujourd’hui ?
JT : Nous avons dans un premier temps incité les associations de la ville à fusionner pour créer une seule et même entité nommée ACHETER A MEAUX qui existe maintenant depuis presque 2 ans et qui totalise plus de 130 adhérents. Cette association s’est dotée d’un permanent, présent quotidiennement sur le terrain. La dynamique actuelle tient à une méthodologie précise et rigoureuse, en coproduction avec les commerçants et les différentes associations les associations de commerciaux et l’ensemble des acteurs économiques du territoire (banques, agences immobilières, chambres consulaires…). La concertation, et la coproduction et la transparence sont des vecteurs essentiels à la dynamique commerciale !
PN : Vous avez également créé un comité de pilotage animé par le Maire une fois par mois, au sein duquel sont conviés les commerçants ?
JT : Nous y abordons différents sujets par thématiques. Nous travaillons au sein de ce groupe de travail sur un plan global pour l’attractivité du centre-ville, dénommé « Plan d’Action Meaux Centre-Ville », auquel sont associés les chambres consulaires mais également les consommateurs à travers un panel que j’ai constitué. Nos réflexions ont permis d’instaurer un travail collaboratif et de prendre des décisions parmi lesquelles la création d’un parking de 80 places, la mise en place d’un programme d’animations étoffé, ou l’amélioration de la propreté, etc.
Je tiens à indiquer que le travail impulsé par la municipalité ne se limite pas au cœur de ville mais que nous œuvrons aux côtés de l’ensemble des commerçants de la ville, notamment de ceux des quartiers, en lien avec les différents représentants de leurs associations, les centres sociaux et les différents partenaires économiques.
PN : En conclusion, comment résumer votre ambition ?
JT : L’atout principal de la Ville de Meaux est son dynamisme commercial ascendant, malgré une conjoncture nationale difficile. Notre force ? Avoir compris qu’il faut envisager l’attractivité d’un cœur de ville à la fois par une dynamique commerciale forte, mais aussi par un cadre de vie agréable, des animations fortes, des établissements culturels et sportifs et une bonne communication. Nous travaillons ensemble à un cœur de ville plus accessible, plus doux, plus festif, plus fiers… en un mot : plus commerçant !
PN : Merci à vous Jérôme Tisserand. Et à Bientôt !
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