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Rencontre avec Carine LECOMPTE, Directrice du Service Commerce/Artisanat et Manager de Centre-Ville d’Epernay
(Interview réalisée le 21 janvier 2016)
Après Poissy (78), les équipes de « Centre-Ville en Mouvement » vous emmènent à Epernay (51), une ville de 25.000 habitants située à 30 km de Reims, en plein pays champenois. Nous sommes chaleureusement accueillis par Carine Lecompte, employée depuis une quinzaine d’année par la Ville d’Epernay et, depuis mars 2005, Directrice du Service Commerce/Artisanat et Manager de Ville.
Patrick NICOLAS : Bonjour Carine. Nous avons un immense plaisir à te retrouver ici à Epernay, trois ans après la visite de « Centre-Ville en Mouvement » dans cette cité qui nous a séduits pour la qualité de son accueil, de son patrimoine, de ses commerces et… de son champagne bien entendu !
Carine LECOMPTE : Bonjour Patrick. L’équipe de « Centre-Ville en Mouvement » est toujours la bienvenue dans notre ville !
PN : Nous avions été frappés par la diversité commerciale du centre-ville qui nous a semblé remarquable pour une ville de seulement 25.000 habitants. Comment l’expliques-tu ?
CL : Il faut souligner la situation particulière d’Epernay qui a vu son développement urbain limité par les vignobles alentours. Ainsi, on ne compte que deux zones commerciales sur le territoire. Les vignes ont naturellement joué un rôle de rempart contre le développement des grandes surfaces, préservant ainsi le cœur de ville d’une concurrence trop agressive.
PN : Quelles sont les conséquences de cette situation sur le commerce de centre-ville ?
CL : Une offre commerciale et artisanale riche de 328 unités qui permet de limiter l’évasion commerciale vers Reims située à seulement 30 minutes de route. Parmi ces commerces, des enseignes nationales exceptionnelles pour une ville comme la nôtre telles que : Monop’, Pimkie, Jules, Devred, Séphora, Yves Rocher ou Promod, etc. Il est vrai également que notre centre-ville patrimonial, classé en ZPPAUP, est un écrin formidable pour le développement du tourisme et du commerce.
PN : Mais la qualité ne se mesure pas qu’au nombre d’enseignes ?
CL : Certainement pas. Nous disposons également de commerces indépendants nombreux et hauts de gamme, en particulier dans le secteur de l’artisanat commercial. Des concepts innovants ont également vu le jour en centre-ville grâce à l’installation de jeunes commerçants venus d’ailleurs. Ces implantations n’ont, pour la plupart, nécessité aucune démarche de prospection particulière. Cela montre l’attractivité naturelle de notre territoire, au-delà de ses frontières administratives.
PN : Au vu de la situation, on pourrait presque s’interroger sur l’utilité d’un Manager de Centre-Ville à Epernay ?
CL : Heureusement pour moi, ça n’est pas le cas !! Plus sérieusement, le commerce de centre-ville nécessite une attention permanente. Notre Maire, et son adjoint au commerce, l’ont compris en en faisant une priorité politique alors que beaucoup d’élus pensent encore que le commerce n’exige aucune attention particulière dans la mesure où il est régi par les règles du marché.
PN : Quels étaient les enjeux pour Epernay à l’époque ?
CL : Il s’agissait de redonner un coup de neuf au centre-ville qui était vieillissant et en perte de vitesse. Un grand programme d’aménagement a été mis en place ainsi que des opérations de rénovation immobilière (opération de démolition reconstruction, OPAH, campagne de ravalement). A cette époque, j’ai été embauchée pour mettre sur pied et animer une opération FISAC afin que le commerce bénéficie également de cette dynamique.
PN : Sur quels projets as-tu été amenée à travailler ?
CL : Le montage et l’animation de quatre dossiers FISAC, dont deux toujours en cours dans un quartier prioritaire de la politique de la ville, et sur l’hyper centre. Mais également, l’accompagnement de projets immobiliers tels que ceux menés sur le quartier dit « de la rénovation ». Sur ce secteur, la SEM de la Ville a été chargée d’acquérir par expropriation plusieurs îlots insalubres pour réaliser un programme mixte d’habitat et de commerces. J’ai accompagné les services de l’urbanisme et le Maire dans le pilotage de ce projet qui a permis à la Ville de créer une nouvelle placette et de se porter acquéreur en VEFA de locaux en pieds d’immeubles situés en plein cœur de ville. L’acquisition des murs nous a permis de maîtriser la commercialisation de ces 6 locaux d’activité, de choisir les bonnes enseignes, quitte à conserver en patrimoine certains de ces locaux pendant plus de 2 ans. Au final, nous sommes parvenus à convaincre le groupe Casino d’ouvrir un Monop’ sur l’un de ces emplacements stratégiques. Un boucher a également ouvert le « Prestige Burger » un concept de restauration innovant !
PN : Comment s’est faite ton intégration au sein des services de la collectivité ?
CL : Pour être honnête, faire ma place a demandé du temps mais je ne suis pas un cas isolé si j’en crois le témoignage de mes confrères dans d’autres communes. On passe d’abord pour un OVNI puis parfois pour un empêcheur de tourner en rond. On est confronté à des pratiques difficiles à faire évoluer. Le positionnement d’un Manager et ambigu car il est transversal. Il ne faut pas vouloir à tout prix s’imposer. Il faut être patient.
PN : Après 15 années passées au sein de la collectivité, penses-tu être devenue incontournable ?
CL : Non je ne pense pas être incontournable, car nombre d’actions peuvent être menées sans y associer le service Commerce et Artisanat. Pour autant, je suis associée désormais presque naturellement car être relais d’informations auprès des commerçants – artisans, veiller à la prise en compte de leurs problématiques, etc… C’est un atout pour les coordinateurs d’opérations, celui de convaincre et de rassembler, celui d’anticiper les problèmes… Avec le temps, j’ai tissé ma toile : au sein des services municipaux, auprès de nos partenaires, et j’ai aussi créé des liens avec mes homologues dans d’autres villes ; les commerçants et artisans me font confiance et n’hésitent pas à m’interpeller si besoin, en toute simplicité.
PN : Quelles sont les qualités d’un bon Manager, à ton sens ?
CL : Etre à l’écoute des besoins de chacun et savoir y répondre efficacement. Bâtir une relation de confiance avec les partenaires en se montrant franche et déterminée. Faire preuve de modestie et de retenue pour ne pas ajouter de la crispation à des situations parfois délicates. Se poser en tant que médiateur et facilitateur. Enfin, bénéficier de l’appui d’un élu de terrain qui connaît les problématiques du commerce.
PN : Quel serait le maître mot de ta fonction ?
CL : Je dirais : la transversalité… Au sein des services de la collectivité mais également avec les institutions (Etat, chambres consulaires, associations, syndicats…). Je participe aujourd’hui à plusieurs groupes de travail et suis consultée très en amont des projets sur des sujets aussi divers que l’attractivité du territoire, les travaux publics, la propreté, la sécurité…
PN : Carine, je te remercie de ta disponibilité et de ta fidélité à « Centre-Ville en Mouvement » et je te donne rendez-vous à Rennes, du 8 au 10 juin prochain pour les 11° Assises Nationales du Centre-Ville.
CL : Tu peux compter sur moi, je ne manquerai ce rendez-vous sous aucun prétexte !
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