ça se passe en centre-ville
Toute l’actualité des Centres-Villes
Interview de Yoann Cousin, coordinateur développeur de l’attractivité commerciale des cœurs de ville
Avec 80 000 habitants (et plus de 250 000 en été…), Antibes-Juan-les-Pins se positionne comme la 2ème Ville du Département d’Alpes-Maritimes, et la ville la plus importante de la Communauté d’Agglomération Sophia Antipolis. Station balnéaire touristique à la tradition maritime forte et perpétuée notamment grâce à de nombreux événements nautiques, riche d’un patrimoine historique important… Antibes-Juan-les Pins se veut ensoleillée, dépaysante, pleine de promesses et attractive ! Preuve en est notamment le chiffre de 2000 commerces qui font vivre les cœurs de ville…
Tour d’horizon avec Yoann Cousin, arrivé en octobre 2015 au poste de coordinateur développeur de l’attractivité commerciale des cœurs de ville.
Morgane Grillot : Bonjour Yoann, pourriez-vous dans un premier temps nous décrire comment se concrétise votre action au quotidien ?
Yoann Cousin : Bonjour, j’occupe le poste de coordinateur développeur pour les cœurs de ville d’Antibes-Juan-les-Pins.
Ma mission implique notamment une réflexion sur l’animation de la Ville avec la mise en place d’opérations de street marketing déclinées sur l’ensemble des évènements commerciaux. En moyenne, tous les deux mois, nous montons une opération d’envergure englobant un plan média de communication, et un événement cœur de ville (hôtesse d’accueil en segway, photocall géant…).
L’idée est véritablement d’animer le cœur de ville de manière ludique et de proposer aux chalands une véritable « expérience shopping ».
Mon action englobe également la gestion du droit de préemption, les ventes en liquidation, les ouvertures dominicales, l’accueil et le soutien des porteurs de projets (accompagnement, aide à la recherche de cellules commerciales vacantes, conseils juridiques…).
J’anime également l’Observatoire du Commerce, créé en 2009 par mon prédécesseur François Couty, pour mettre en place une veille accrue, et étudier le maintien de l’existant, les nouvelles tendances…
Très concrètement, mon arrivée a coïncidé avec la réflexion de la mise en place d’un plan d’actions stratégique au travers un programme éclectique influant sur l’ensemble des moteurs de l’attractivité du centre-ville.
Morgane Grillot : Pouvez-vous détailler les axes de travail de ce plan d’actions ?
YC : Ce Schéma Directeur s’oriente autour de 9 axes. Ce programme a été définitivement acté, et les différentes actions vont pouvoir se mettre en place progressivement entre 2017 et 2021.
Le moteur de ce Schéma Directeur repose sur la création d’un Office de Commerce, structure sous forme d’un EPIC, qui va élargir les champs de compétence de l’Office de Tourisme/ Palais des Congrès. Cette liaison entre commerce et tourisme nous a semblé cohérente au regard de nos caractéristiques territoriales. L’ouverture de cette structure en EPIC est un modèle précurseur au niveau national. Elle est prévue en octobre/novembre 2016.
Après une étude benchmark poussée, nous nous sommes en effet rendu compte que nous ne voulions pas que ce futur office de commerce ait un format « Association loi 1901 à but non lucratif ». Nous souhaitons vraiment que cette structure soit portée par le territoire et différents partenaires publics/privés, et devienne un organe gestionnaire du commerce. Dès sa création, nous allons piloter cette nouvelle structure collectivement.
Un des axes de travail porte sur la gouvernance d’outils au sein de l’office de commerce avec notamment la création d’un comité d’enseignes qui prendraient la forme de réunions rassemblant différents acteurs pour échanger sur les enseignes, et travailler en bonne intelligence afin de proposer une offre commerciale qualitative complémentaire à l’existant.
Nous recensons également via des fiches produit les locaux disponibles à la vente. Ces informations sont transmises à la CASA (Communauté d’Agglomération Sophia Antipolis), la CCI et à la Chambre des métiers qui sont régulièrement sollicités par des porteurs de projets. En parallèle de ce recensement, nous allons réunir sous forme d’un comité, les agences immobilières, des notaires, certains propriétaires de murs… afin d’établir des échanges avec des créateurs d’enseignes et des chargés d’expansion.
Nous aurons donc le rôle de « facilitateurs de contact », et pourrons nous appuyer sur des données concrètes de l’immobilier commercial.
Nous allons également travailler sur l’offre de fidélisation clientèle, le développement de la commercialité, et de l’événementiel commercial, l’accompagnement des acteurs économiques, l’aménagement de l’espace public…
Morgane Grillot : Des outils « innovants » vont-ils émerger ? Quel sera la place du numérique ?
YC : Une des actions prioritaires est véritablement de créer des parcours marchands capables de générer du lien entre les différentes polarités marchandes de la Ville.
En effet, il existe 5 secteurs : le port (qui est le plus grand port plaisancier d’Europe), le Viel Antibes, cœur historique, le centre-ville dit « moderne », la station balnéaire de Juan-Les-Pins,et le « Mass-Market » des portes d’Antibes à proximité immédiate de l’autoroute.
Nous allons nous orienter vers le numérique avec l’utilisation de beacons capables de diffuser de l’information sur des bornes, et les smartphones des chalands.
L’un des objectifs principaux de l’office sera de digitaliser l’offre marchande des cœurs de ville.
Ce projet de bornes interactives sera rendu possible grâce à des fonds européens transfrontaliers. Nous échangeons en permanence avec des territoires italiens et corses, sujets aux mêmes problématiques que le nôtre. En tant que villes postulantes, nous devions en effet réfléchir sur un aspect précis : comment créer une synergie entre le port, véritable écosystème économique et notre centre-ville.
Nous réfléchissons actuellement à une offre de fidélisation clientèle, notamment via la création d’une carte de fidélité cœur de ville qui engloberait plusieurs « produits » (shopping, loisirs, culturels, sportifs, stationnement…).
Nous allons ouvrir un site internet portail recensant les informations commerciales, les bons plans, les prestations de service de type chèques cadeaux, les offres de stationnement…
Nous serons acteurs d’opérations commerciales en street marketing via des animations « photocall ». Nous louons cet « outil » de communication très régulièrement lors des événements commerciaux. Nous aimerions investir, et pouvoir le proposer à la location aux acteurs économiques intéressés pour qu’ils puissent dynamiser leurs commerces.
Nous allons engager également une véritable prospection de concept stores pour proposer des enseignes innovantes. Beaucoup de surfaces commerciales ont été créés sur les 2/3 dernières années. Afin d’éviter les redondances, et toujours en accord avec l’ «expérience shopping, », nous miserons sur les pops up stores.
La création d’un système d’information géographique d’immobilier commercial sera également un outil innovant permettant la production d’études de marché de façon interactive. Cette cartographie sera un vrai outil de management commercial faisant ressortir les surfaces des cellules vacantes, les différents indicateurs souhaités par les porteurs de projets comme par exemple la proximité immédiate avec les parcs de stationnement…
MG : Nous avons déjà évoqué l’animation commerciale, très présente pour faire vivre le cœur de vivre, quels sont ses nouveaux enjeux sur les prochaines années ?
YC : La création d’une marque ombrelle permettra de créer l’ « âme » de l’Office de commerce. Toutes les opérations commerciales seront marketées par la suite avec cette marque pour faire émerger une identité territoriale forte à l’image du collectif de nos partenaires.
Les braderies cœur de ville seront davantage développées avec les unions commerciales pour des véritables moments conviviaux.
Nous aimerions également célébrer un « Noël musical » afin de décliner les atouts événementiels de notre territoire. (Nota bene : la Ville accueille depuis 1960 le festival Jazz à Juan).
La fin d’année sera rythmée également par les « Black Fridays », au concept simple et efficace : des vendredis seront propices aux bonnes affaires, grâce à des offres promotionnelles proposées par les commerçants avant les fêtes de Noël.
Le classement en ZTI (Zone Touristique Internationale) est synonyme également de nouveaux enjeux. Nous allons devoir faire un travail de sensibilisation des professionnels aux ouvertures dominicales et ouvertures tardives. Nous allons également accompagner ces ouvertures par des actions événementielles en centre-ville.
Nous souhaitons favoriser la synergie entre les commerces et les temps forts de la vie locale. Nous avons déjà commencé à mettre en place des « kits » de communication à destination des commerçants. Par exemple, lors des « Voiles d’Antibes 2016», qui accueillent chaque année lors de la 1ère semaine de Juin, les plus beaux voiliers, nous avions mis à disposition un kit comprenant une vitrophanie aux « couleurs » de l’évènement, un adhésif urbain utile pour la création d’un parcours marchand, des coupons de réduction, des supports de communication… Grâce à l’achat collectif de ces supports de communication, nous avons réussi à proposer un prix attractif aux commerçants s’établissant à 33€ le kit.
Des concours de la plus belle vitrine seront régulièrement lancés pour motiver les commerçants, et faire vivre le cœur de ville en attractivité urbaine.
Ces événements sont par ailleurs l’occasion de générer des moments d’échanges conviviaux entre commerçants via des apéritifs de clôture.
En réflexion également, la création d’une Fête du commerce, pour annoncer le début de saison commerciale, très liée à la saison touristique sur notre territoire.
Afin de pouvoir mesurer notamment l’impact des événements en termes de fréquentation du centre-ville, nous allons installer des compteurs de flux piétons.
Ces données statistiques sont des sources précieuses pour démarcher de nouvelles enseignes et les informer de la fréquentation des axes marchands.
Nous serons également présents sur le terrain pour recueillir l’avis des consommateurs, afin d’établir un « Baromètre de satisfaction » portant sur la qualité de l’espace urbain, de l’offre commerciale, de l’accueil…).
MG : Pourriez-vous également nous parler des enjeux à venir en termes d’aménagement d’espace public ?
YC : La piétonisation de l’espace urbain va participer au travail engagé en vue de favoriser une ambiance apaisée plus propice à la flânerie commerciale entre les polarités marchandes de nos cœurs de ville.
Nous souhaitons également créer une plate-forme de livraison, qui permettrait de rationaliser les transports de marchandises. D’une part, elle permettrait de fluidifier le trafic, et d’autre part d’offrir un espace de stockage aux commerçants. Les surfaces commerciales, pour beaucoup dans le Vieil Antibes, ne dépassent pas les 60/70m2, la plate-forme va permettre de libérer et d’optimiser ces espaces. Au-delà du stockage, une plate-forme pourrait avoir pour vocation le développement de la vente en ligne par la présence de préparateurs de commandes.
Une station « mode doux » va voir le jour, combinant vélos et véhicules électriques pour faciliter les déplacements entre le port et le centre-ville. Cette action sera rendue possible grâce au co-financement de fonds européens.
La faisabilité budgétaire passera par notre capacité à mobiliser du sponsoring avec une ouverture sur le monde privé, mais également, par notre aptitude à solliciter des fonds publics européens. Cette nouvelle approche partenariale nous permet d’être en contact régulier avec des villes qui partagent nos projets comme Ajaccio, ou bien encore Gênes en Italie.
La promotion de nos projets se fait également auprès de la Caisse des Dépôts, avec la présentation de nos missions d’intérêt général afin d’envisager la possibilité de co-financement.
MG : Ce programme d’actions est très riche, nous allons suivre de près ces mises en œuvre opérationnelles qui vont débuter très prochainement !
YC : Dès fin 2016, et jusqu’en 2021, ce plan d’actions va être mis en place. Notre axe sur l’observation et l’intelligence économique inclue la qualité des échanges que nous pouvons avoir au sein du Réseau des Centres-Villes Durables et de l’Innovation porté par Centre-Ville en Mouvement, notamment par l’intermédiaire des Observatoires. Ce principe de Réseau porté par votre association est une véritable plus-value stratégique pour notre territoire.
© photo Yoann Cousin/ Ville d’Antibes Juan-les-Pins
Quelle est la densité idéale pour une ville ?
La notion de densité urbaine est large et contient beaucoup d’éléments.
Voir le détailConcours sur les meilleures requalifications d’entrée de ville
La 17e édition du concours national des entrées de villes organisé par la fédération Patrimoine-Environnement et l’association Sites & Cités remarquables de France a...
Voir le détail