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Rencontre avec Nicolas MOLLET, Manager de Centre-Ville de Nancy
(Interview réalisée le 25 janvier 2016)
Après Poissy et Epernay, direction la Meurthe-et-Moselle où nous retrouvons Nicolas MOLLET fraîchement embauché par la Ville de Nancy (54) aux fonctions de Développeur de Centre-Ville, depuis le 1er janvier 2016.
Patrick NICOLAS : Cela faisait presque un an que Nancy espérait son Développeur de Centre-Ville. Est-ce que l’accueil a été à la hauteur de cette attente ?
Nicolas MOLLET : Il a été excellent en tous points. Etant né à Roubaix, je retrouve à Nancy la convivialité des gens du Nord et où j’ai effectué une bonne partie de mon parcours !
PN : Justement, revenons sur ton début de carrière qui débute en fanfare à Lille en tant que Chargé de Communication.
NM : J’ai démarré mon aventure professionnelle au LOSC Football Club avant de rejoindre le monde du commerce où j’avais en charge de fédérer 120 points de vente pour le Groupe Intermarché. Je me suis découvert une passion pour le commerce mais je me sentais éloigné des valeurs défendues par ce grand groupe de distribution.
En 2000, le poste de Manager de Centre-Ville de Lille constituait une opportunité de défendre une autre philosophie du commerce où le savoir-faire, la qualité, et l’humain sont au centre des préoccupations.
PN : Es-tu, comme on le dit, le 1er Manager à avoir occupé cette fonction, en France ?
NM : La Belgique a dû inspirer Lille, qui a été effectivement la première ville à importer ce concept. L’émergence de ce métier, encore jeune, a été laborieuse. Elle continue d’ailleurs à l’être dans une majorité de villes qui prétendent aujourd’hui employer un Manager. De mon côté, je préfère parler de développeur et de facilitateur. Si ce métier a encore besoin de reconnaissance et de professionnalisation, la prise de conscience du besoin par les élus a néanmoins beaucoup progressé en 15 ans.
PN : Cette première expérience de 5 ans t’a ensuite propulsé vers d’autres horizons…
NM : J’ai fait 22 000 kilomètres pour me rendre en plein océan pacifique à Nouméa en Nouvelle Calédonie où j’ai passé trois années extraordinaires. J’y ai dirigé (comme à Lille) une association paritaire composée des collectivités locales et territoriales et des principaux représentants du monde du commerce. Je suis ensuite revenu en métropole où j’ai occupé les fonctions de Manager à Montpellier après une expérience de conseil freelance.
PN : Aujourd’hui, quel est ton positionnement au sein de la collectivité ?
NM : J’appartiens au pôle Economie, Développement et Urbanisme. Je suis chargé d’apporter ma vision du commerce dans le développement de la ville en étant intégré le plus en amont possible dans chaque projet.
PN : En quoi consiste le mandat que l’on t’a confié ?
NM : Nancy dispose déjà d’une offre commerciale conséquente et équilibrée avec de nombreux commerces indépendants (1300) et pas moins de 150 enseignes nationales. L’hyper-centre accueillera bientôt un nouvel équipement commercial autour de Nancy Grand Cœur et de la Gare en plus de « St Sébastien » qui fait l’objet de travaux de rénovation par Hammerson, son gestionnaire. Le commerce est de bonne qualité mais la conjoncture pèse sur son activité et le centre-ville souffre d’un manque de renouvellement. Aussi, nous envisageons de lancer un appel d’offre pour installer une boutique destinée à accueillir de manière temporaire des concepts innovants.
PN : À travers l’innovation, c’est toute l’image du centre-ville qui nécessite d’être améliorée ?
NM : En tant que professionnel de la communication, je suis très sensible à l’image. Certains médias ont récemment dénigré, de manière injuste, le commerce du centre-ville ce qui a porté préjudice, de manière plus générale, à l’image de Nancy. Néanmoins, les médias locaux ont accueilli avec enthousiasme l’arrivée d’un « Développeur de Centre-Ville ». J’ai déjà pu percevoir, à travers les rencontres et les initiatives dont on me fait part, un léger frémissement qui est de bon augure. Il est de ma responsabilité de transformer ces opportunités en projets concrets pour le centre-ville.
PN : N’est-il pas prétentieux de penser qu’un Manager peut tout régler miraculeusement ?
NM : Certains peuvent le croire mais ça n’est pas ma vision des choses ! Nos élus et les commerçants savent que tout ne peut être résolu d’un coup de baguette magique ! Il faut prendre les choses de manière pragmatique et avec modestie. C’est pourquoi, ma mission démarre par une phase d’observation où je vais prendre le temps d’écouter tous les acteurs locaux. Les commerçants, en premier lieu, mais pas seulement. Les élus communaux et consulaires, le personnel de l’administration, les investisseurs mais aussi les consommateurs. Leur avis est trop souvent négligé.
PN : Certaines enquêtes d’opinion sont-elles prévues ?
NM : Non, pas dans l’immédiat. Mais, je me suis rapproché d’une association pour réunir un panel de consommateur et recueillir leurs avis et suggestions concernant le commerce de centre-ville. Cet exercice vise à identifier les enjeux réels pour le monde du commerce. Ma première préoccupation est donc d’objectiver le débat afin de sortir des postures idéologiques. Il faut avoir assisté à une réunion de commerçants pour se rendre compte combien le débat est verrouillé. Cela traduit, selon moi, une appréhension et une difficulté à se remettre en cause. Sur le stationnement, par exemple, on s’aperçoit que cette question n’apparaît qu’en cinquième position des priorités des consommateurs après la question de l’offre commerciale, des prix, des promotions ou des horaires d’ouverture… Ce qui ne signifie pas qu’il faille ignorer les difficultés de stationnement, nous y travaillons mais cela relativise certaines priorités.
PN : Comment envisages-tu la suite de ton action ?
NM : A court terme, il est important de montrer que les choses bougent. C’est pourquoi, nous avons initié dès à présent, avec le soutien de mes élus de référence, une action sur l’habillage des vitrines. Il s’agit, avec des artistes, d’investir les vitrines ou de réaliser des expositions dans des lieux disponibles pour donner une meilleure image de notre centre-ville et valoriser son immobilier.
PN : Et à plus long terme ?
NM : Il s’agit d’élaborer une stratégie et un plan d’action sur 3 ans, une fois la phase d’observation terminée.
PN : Nicolas, je te remercie encore pour ta disponibilité et te souhaite toute la réussite possible dans cette nouvelle mission.
NM : Merci à toi et à toute l’équipe de « Centre-Ville en Mouvement » en espérant vous retrouver dans quelques mois pour vous en dire plus sur nos projets.
Photos : ©Ville de Nancy
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